Allah chez les féministes islamiques
Samia Amor aborde rapidement la question du courant féministe jugé pragmatique. Né en Iran, en opposition à l’ayatollah Khomeini, ce courant ne fait pas d’Allah, un objet de discussion. Il porte davantage sur des préoccupations plus concrètes, telles que :
- Promotion de l'égalité des sexes et de la justice sociale
- L'imamat des femmes
- L'incursion dans l'interprétation par les femmes et fissure dans le monopole masculin
Témoignage
Dans la dernière partie de sa conférence, Samia Amor a parlé de la présence d’Allah dans sa vie. « Pour moi, Dieu est un guide et je suis l'enseignée. Le Coran est un mode de vie, un ensemble de balises et de comportements. Dieu me guide à travers le Coran, il est le maître. »
Elle explique que les commandements dans le Coran, se rapportent à Dieu et aux autres. On adore Dieu à travers la prière et les invocations. La religion se vit à travers cinq piliers où l'on reconnait Dieu et son prophète. L’un de ces piliers est celui de la prière.
« À chaque heure, on doit faire 10 à 20 minutes de lecture du Coran ou d'invocations. « C'est une façon, tout au long de la journée, de rester en relation avec Dieu », souligne-t-elle. « Dieu est présent dans ma vie à travers la prière. C'est un rendez-vous qui me permet de me questionner sur mon agir. Ce moment permet un recul par rapport à ce qui s'est passé. La prière est un guide justement parce qu'elle permet cette distance sur l'événement pour le comprendre. »
Elle a parlé également de la zakat, cette obligation religieuse, liée à la justice sociale qui consiste à distribuer aux pauvres, 10 % de ses revenus. En ce qui concerne le jeûne, autre pilier de l’islam, Samia Amor précise que le Ramadan est une obligation relative. Dans les cas où on ne peut jeûner, on donne à autrui. Quant au pèlerinage à La Mecque, ce n’est pas une obligation, sauf si la personne a les moyens et la santé pour le faire.
« Pour moi ma vie a un sens et c'est capital. Chacun de mes gestes, qu'il soit négatif ou positif a un sens. Cette façon de faire est rattachée à un principe du Coran: pas seulement de la bienveillance mais de la bienséance, c'est une obligation. »
La conférencière reconnait que toutes les religions ont une facette du visage de Dieu. Pour elle, Marie est une figure fondamentale, axiale, prophétesse et Jésus est son fils. Chez les musulmans, Marie est un modèle de croyante parce que, même étonnée par l’Annonciation, elle a accepté de s'abandonner à Dieu.
Qu’est-ce que la charia?
À la fin de sa conférence, une des questions posées portait sur la charia. Madame Amor a affirmé que cela n’existait pas dans le Coran. Insistant sur le fait qu’il n’y a aucun code appelé « charia », elle a expliqué son origine par une doctrine construite à partir des opinions des uns et des autres. Ces éléments auraient été inclus dans la formation des imams à un moment donné. Elle a insisté sur le fait qu’on parle d’éthique en ce qui concerne la femme et le mariage dans le Coran, sans avoir de loi.
La journée, organisée par le Comité d'animation spirituelle des SNJM du Québec, s’est poursuivie avec un moment de prière à la chapelle. Les participantes ont pu communier à la spiritualité de l’islam par des prières réunissant la perception de Dieu de l’islam à celle des chrétiens. Des moments précieux et très enrichissants pour l’ensemble des participantes.
Source : Sr Constance Létourneau
Reportage photos : Sr Yolande Dufresne