Bien que j’appartienne à l’École de musique Vincent-d’Indy, mon premier dossier est de m’occuper du Département musical du Pensionnat Saint-Nom-de-Marie. Depuis 1981, j’ai été en mesure de connaître presque tous les professeurs. Alors, j’aimerais vous faire part d’une aventure exceptionnelle.
Comme bénévole, j’ai accompagné la messe dominicale à Tanguay pendant huit ans, ce qui m’a permis de connaître le monde des femmes incarcérées. Pour des raisons providentielles, j’ai bifurqué du côté des ex-détenus en réhabilitation. Cependant, je continue de m’occuper de deux femmes maintenant en libération contrôlée. L’une d’elles a une très belle voix et une oreille musicale qui lui permet de chanter tout ce qu’elle veut et de jouer par oreille sur la flûte à bec, ténor en particulier, tout ce qu’on lui fredonne. Un jour, elle me manifeste le désir d’avoir cet instrument. Un rêve! Sans trop savoir à quoi m’attendre, je lui promets qu’un jour je lui en trouverai un. Depuis janvier, je rêve avec elle sans qu’elle le sache.
Un courriel envoyé à tous nos professeurs, environ quatre-vingt-dix, leur demandant si quelqu’un d’entre eux avait une flûte ténor à me donner reste sans réponse. Après un second essai, une idée me vient à l’esprit : « Si chaque professeur me faisait parvenir 1$ je pourrais acheter une flûte neuve d’une valeur de 100$ pour la donner à cette femme atteinte psychologiquement dans tout son être. » Croyez-le ou non, deux jours après ma demande, j’ai en main 192,73 $.
Émerveillée, émue aux larmes, je manifeste ma joie à tous les professeurs, y compris à la Direction qui m’a permis de réaliser cette initiative, et je commande la flûte en question. Le surplus de l’argent ira à cette dame par l’entremise de son intervenante chargée d’administrer ses biens.
Quelle équipe exceptionnelle nous avons dans nos deux Écoles privées! Générosité, amour et souci des autres, quelles que soient leur couleur, leurs conditions de vie et leurs croyances, c’est cela que l’on essaie d’inculquer à nos élèves peut-être riches en avoir mais… qui sait?
Violette Blais, s.n.j.m.